
l’Australie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis (AUKUS) annoncée le 15 septembre 2021
L’avènement de cette nouvelle alliance pour le pacifique entre l’Australie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis (AUKUS) annoncée le 15 septembre questionne le rôle des européens dans les grands enjeux militaires contemporains.
En effet, c’est avec fracas, mépris et audace que l’alliance a fait irruption sur la scène internationale à l’occasion de l’éviction de la France du contrat des sous-marins australiens ce qui posent de très embarrassantes questions sur les capacités de la diplomatie française et le futur de la France en Indo-Pacifique et l’autonomie de ses pouvoirs régaliens comme le fait remarquer Sandrine Teyssoneyre.
L’annulation du contrat des sous-marins français à l’Australie n’aurait jamais dû constituer une surprise au regards des rapports étroits et historiques des pays du « Five Eyes » (USCNGBNZAUS Association d’espionnage en bande organisée avec comme figure tutélaire les USA) et la connivence Permanente des états-majors des trois pays, et en particulier ceux des États-Unis et de l’Australie, sont intimement liés. Canberra a toujours été un allié formel de Washington, dont il accueille les G7. L’industrie de l’armement et les réunions des Think tanks sont un corollaire de cet état de fait.
Pour couronner le tout, la Grande Bretagne pourtant alliée de la France n’a pas hésité à s’essuyer les pieds sur ces liens au profit d’une plus grande loyauté aux pays de son ancien empire colonial. La formation d’Aukus selon les calculs britanniques permet au Royaume-Uni de cimenter à la fois son statut (et sa technologie) en tant que puissance nucléaire, et son alliance avec la grande puissance américaine et son retour dans l’espace de son ancien empire, aujourd’hui centre du jeu. Pour ce retour, le Royaume-Uni est prêt à rendre service, et l’a démontré en jouant le rôle d’intermédiaire entre l’Australie et les États-Unis dans la déconstruction du contrat français. Pour l’Angleterre de Boris Johnson, Aukus est un outil précieux pour opérer sa transition posteuropéenne.
France n’ignore pas non plus qu’elle est insérée dans un espace majoritairement anglo-saxon où sa langue, instrument de puissance, est contestée. Comment est-il possible que les discussions secrètes entre les trois « alliés » anglo-saxons au Sommet du G7 n’aient pas transpiré, et ce bien avant juin 2021 ?
Autononie stratégique européenne:
Le désengagement des forces américaines d’Afghanistan, la queue entre les jambes dans une » Grand élan de Courage Fuyons! » a de nouveau montré l’incapacité des européens à se maintenir sur un théâtre extérieur de manière autonome en août 2021 . Ces événements ont à la fois soulevé de fortes critiques des européens face aux décisions américaines et renforce le désir de certains de Etats membres de voir émerger une réelle autonomie stratégique de défense en Europe.

Pour l’heure après avoir déclaré l’OTAN cérébralement morte, le Président Emmanuel Macron est à la peine pour démontrer de les dividendes et les bénéfices que la France retire de ses bons et loyaux services au sein de l’Alliance atlantique. Tout se passe comme si elle était confinée au rôle de » Soit belle et tais-toi ». L’appartenance de la France à l’Alliance Atlantique s’est surtout traduite pas une perte croissante d’autonomie en matière de politique étrangère, un enlisement au Sahel coûteux en troupes d’élite où elle déménage et erre de pays en pays en quête d’un lieu de refuge. Autre bénéfice de taille, le droit d’être associée à la débâcle afghane et l’annulation de quelques méga-contrats d’armement, qui de surcroit, sont conditionnés à la permission de Washington ? Entre la soumission et la nation « fidèle à elle-même », les États-Unis ont ostensiblement choisi.
En ce qui concerne la défense, l’ensemble des partenaires européens sont d’accord sur un point, il serait dangereux de s’isoler de quelques formes d’alliance dans un monde où les enjeux géopolitiques évoluent rapidement. Les divergences apparaissent au moment de savoir avec qui il est intéressant de s’allier. Et bien que la politique de défense commune de l’Union européenne soit prévue par le traité de Lisbonne (article 42, paragraphe 2), le texte énonce aussi clairement la primauté de la politique de défense nationale, par exemple en laissant le choix d’adhérer à l’OTAN ou de rester neutre.